Patrick Lagacé, le tunnel, et la lumière

Au même rythme que les structures de béton de Montréal, la crédibilité de Patrick Lagacé s’affaisse inexorablement. C’est forcément ce qui arrive à tout ce qui s’est bâti trop vite, dans du matériau de faible qualité.

Élevé au Journal de Montréal, Lagacé a développé un journalisme de café du commerce. Entre émotions et analyses à l’emporte-pièce, ses textes frisent le populisme, souffrent de manque de profondeur et de valeur ajoutée. On se retrouve donc chaque matin, en compagne de Patrick, à la machine à café avec les copains adeptes du gros bon sens.

Pour autant le personnage s’est bien construit sur la scène publique montréalaise. Beau gosse, fleur de l’âge, air concerné, sourire rare et insolence sérieuse. C’est à la télé que ça s’est passé. Tel un boxeur, il a su se monter une fiche impéccable grâce à un faire-valoir, Martineau. Il était intelligent de demeurer à côté de lui, moyen sûr de briller facilement et de bénéficier d’une comparaison forcément avantageuse. Le passage à La Presse, qui échappe toujours à ma compréhension d’ailleurs, a complété l’artifice.

Revenons aux écrits. Récemment, un ami me disait, très simplement : j’m’en fous moi de l’avis de Lagacé. J’ai trouvé le propos pour le moins naïf, d’autant que l’ami en question, écrivain, me livre en général une opinion un peu plus étoffée. Après réflexion, je réalise que c’est le seul commentaire qui vaille puisque ce que nous offre Patrick Lagacé ne permet pas de démarrer quelconque conversation ou débat tant le propos est faible, attendu et sans vision. C’est la grande gueule du café du commerce, celui qui parle fort, celui qui ne doute de rien.

Peut-être en manque de lumière (programmation d’été à la télévision), cette semaine Patrick a voulu lâcher son Mac et se frotter au terrain. Scrum au tunnel de l’A720. Ça tombe bien, il fait beau, et c’est tout près du bureau en plus. Et de se faire remarquer. Lunettes noires (!) et micro en main. Il allait parler fort, encore. Bousculer, pourquoi pas. Et les autres copains présents, rompu à pareil exercice dix fois par semaine, le sourire en coin. Se débattre à ce point là pour exister.

Bilan et eficacité de ce non-événement : rien, encore une fois. Le Grand Reporter de la rue St-Antoine n’a rien rapporté à son lecteur. Du bruit, juste du bruit. Mais pas assez. Jamais assez. Alors en reparler sur son blogue, et bien sûr donner à voir la vidéo de l’exploit.

Il va de soi que la crédibilité de Patrick Lagacé ne peut aller qu’en s’effritant, tel les para-lumes du tunnel de l’A720.

Para-lumes, tiens. Pour empêcher la lumière de passer.