Vaccination H1N1 : un homme et son fils voyagent au bout de l’horreur


Ce matin était le matin que je redoutais depuis des semaines : l’heure était venue de vacciner mon garçon dans un de ces centres de vaccination dont le journal télévisé m’avait fait un portrait si polonais … des files d’attentes longues comme une nuit sans sommeil, des citoyens hystériques comme des affamés d’avant le mur … le froid … la nuit … la peur …

J’ai passé la semaine à préparer mon combat. Sur-documenté, j’étais prêt à tout annuler, au moindre contre-ordre. pandemie.gouv.qc.ca.

Mon  plan de match : La vie est belle. Non, pas la vieille entreprise qui vient de perdre 1 million d’abonnés au téléphone en 3 ans, l’autre Vie est belle, celle de Roberto Benigni. Puisqu’on allait au pire, j’avais décidé de protéger mon fils de l’horreur, et de lui dire que ce serait génial.

Lever à 4:30 pour espérer LE coupon, billet de rationnement vital de survie. La Toyota fend la nuit à travers nos yeux collés, et je lui jure que c’est un beau matin, qu’on a de la chance de vivre ça. Les camions de vidanges sont déjà dehors, j’en profite pour rappeler l’importance d’étudier.

À deux coins de rue du camp, mon sang se glace. Franco a commencé son vendredi à la radio, mais il ne me rassure pas.

Au creux de la nuit froide, la Toyota n’a plus le choix maintenant : on est arrivé. Je dois être fort. La portière à peine ouverte, je sens déjà le givre de la terreur durcir les fins sourcils de mon enfant. J’ai peur.

Serrant sa main comme un père dans le stationnement du Walmart,  j’avance, à son pas, vers l’enfer.

Un enfer qui durera 45 minutes, entouré de gens souriants et agréables, sous un petit chapiteau chauffé et sous la bonne protection d’employés gentils et disponibles à nos questions. 45 minutes. Même pas eu besoin de sortir la Nintendo DS.

6:15. Nous repartons avec un rendez-vous pour 10h00. Tim Hortons au lieu de l’école, le cauchemar doit juste être différé, ou bien est-ce le dernier plaisir, la cigarette du condamné ?

10h00. Retour au camp, tiquet de rationnement en main. Cette fois, me dis-je, on y échappera pas. Bon c’est vrai que je suis un peu déçu. Tant qu’à sombrer dans l’horreur, il me semble que c’était plus esthétique de nuit, brûlé par le froid.

Le soleil brille, la température est douce, et notre Tim Hortons au corps, je nous trouve de moins en moins sujet à un futur documentaire … nous ne nous sentons guère polonais, et mon Benigni prend le bord.

Mais je reste vigilant, c’est suspect. La Nintendo chargée, prêt à dégainer.

Puis soudain, tout s’accélère. De sourire en sourire, nous franchissons plusieurs check points, et à peine ais-je le temps de suspecter chacun des bénéboles et employés rencontrés, que nous nous retrouvons face à cette dame, dont la douceur ne peut que rappeler notre mère, une aiguille à la main, seringue remplie d’amour.

10:40. Le quart d’heure d’observation post-piqûre est passé, et nous quittons le camp. En vie, léger comme un père et son fils, qui viennent de passer un bon moment ensemble.

Dans ma vie professionnelle, je gère des projets. De plus ou moins grande envergure. Un jour, quelqu’un est arrivé devant Mr Dubuc, et lui a dit : Gros, voici ton mandat : tu me vaccines la Province, et vite, ça urge. Au pays de l’attente à l’urgence ? Oui Gros, s’il te plait. Et grouille.

Ne me soupçonnez de rien politiquement, d’abord vous feriez erreur, et surtout vous ne vous rendriez pas honneur. Ce ministre est en train de faire une job extraordinaire. Parfaite ? non. Mais moi, comment je l’aurais pognée celle-là ?

Mr Dubuc, merci et bravo. Merci pour le petit, et bravo pour le sang froid, le bon sens, la détermination, les améliorations, le calme.

Le calme …

Les médias chiens aboient, et la caravane passe.

2 réponses sur « Vaccination H1N1 : un homme et son fils voyagent au bout de l’horreur »

  1. bopapa 14 novembre 2009 / 17:44

    bravo pour ton recit mais as-tu bien pensé à ton geste quand tu vois tous les précautions qu’ont pris les les labos en se protégant de tous recours si une anomalie de vaccination viendrait à venir, aucun test fiable effectué, tous les risques sont pour le patientce n’est qu’une histoire de monnaie cette grippe tue moins que la grippe normale si on peut normale mème vacciner chercher l’erreur!!!!

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  2. savignac 14 novembre 2009 / 18:05

    Merci pour message Bopapa. Tu es français si je me fie à ton adresse de courriel. Je connais très bien la France pour y être demeuré de nombreuses années. Et c’est tellement français comme commentaire ! Être contre tout, tout le temps ! C’est un réflexe ! La théorie du complot … tout le temps. Quatre humains partagent un secret, et on sait que le secret ne sera pas gardé, parce que les hommes sont ainsi fait … alors les complots planétaires, il y a longtemps que je ne m’y arrête plus.

    J’ai vécu un peu, étudié pas mal, et je si je regarde un peu l’histoire des vaccins, je ne peux que constater qu’ils ont fait disparaître des maladies de la surface du globe, prolongé la durée de vie, réduit la mortalité infantile, amélioré la qualité de la vie.

    Merci pour ta contribution.

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